Vendredi 26 mai

17H30 ouverture des portes, buvette et bonne ambiance

18H//DISCUSSION //    EXPERIENCES DU MARRONNAGE  Geste individuel de désertion, geste collectif de sécession. Partout où il y eut esclavage, il y eut marronnage. Des bayous de Louisiane aux montagnes escarpées de l’île de la Réunion, de la mangrove caraïbe à la jungle amazonienne, des cimes inaccessibles aux forêts profondes fleurirent les communes de Marrons.Qu’est-ce que le marronnage ? C’est à la fois un geste individuel de désertion pour s’arracher à la condition servile, à la vie enchaînée de la plantation coloniale ; et un geste collectif de sécession qui fonde des lieux où la communauté est en mesure de tenir à distance des dispositifs impériaux de répression et d’avilissement, de subvenir à ses besoins par l’entraide et l’établissement d’un rapport symbiotique au vivant. De l’océan indien à l’atlantique noir, de l’île de la Réunion aux Amériques, on retrouve partout les mêmes formes de résistances déclinées en une infinités d’incarnations singulières : les mêmes manières d’habiter l’opacité ; les mêmes formes d’agricultures fugitives ; les mêmes formes de spiritualités et de transes exaltées du vaudoo au servis kabaré ; les mêmes formes de musique du gwoka au roulèr, du blues au maloya ; les mêmes formes de danse du moring à la capoeïra ; le même recours aux plantes médicinales et aux tisanes ; les mêmes pratiques d’un art de la guérilla qui allie les pièges aux fortifications, la fuite à la razzia, le souffle des sagaies au son des conques… Et sur toutes les lèvres, des langues créoles. A partir d’un travail d’enquête en cours à l’île de la Réunion, il s’agira d’évoquer cet héritage de résistance et d’y puiser une inspiration pour les temps présents.

21h30//CONCERT-SPECTACLE//   RÉCITAL DE LA MISTOUFLE  par AbSTRAL et Blok . Le récital de la mistoufle est un spectacle en musique, un assemblage d’articles du Père Peinard – hebdomadaire libertaire français édité entre 1889 et 1902. La gouaille argotique déploie ici son franc-parler détonnant, la langue se montre truculente et parfois cocasse, surprenante pour un langage de presse. Plus d’un siècle s’est écoulé depuis la rédaction de ces articles, il est pourtant troublant de constater que les propos du Père Peinard restent d’actualité, d’autant plus en ces temps incertains et chahutés…Le Père Peinard est fondé en février 1889 par le militant ouvrier anarchiste Émile Pouget (1860-1931). Pouget prône la grève générale, attaque et dénonce le capitalisme, l’Etat, l’armée et la religion en s’inscrivant dans la tradition argotique, gouailleuse et outrancière d’Hébert et de son Père Duchesne pendant la Révolution française. Le Père Peinard, rédigé la plupart du temps par le seul Émile Pouget, marquera son temps. Il est caractérisé par des articles courts et incisifs, par un discours clair, direct et imagé, inspiré du langage populaire de l’époque, loin de tout académisme. Pouget s’explique dès le premier numéro du journal : « Turellement, en ma qualité de gniaff, je ne suis pas tenu à écrire comme les niguedouilles de l’Académie : vous savez, ces quarante cochons immortels, qui sont en conserve dans un grand bocal, de l’autre côté de la Seine. » Il utilise ainsi le parler des travailleurs-euses, des ateliers, des gens de la rue ; le journal étant lu principalement par les sans-travail, les ouvrier-e-s, les paysan-e-s, les trimardeurs-euses ou les soldats. L’art du Père Peinard réside dans sa capacité à utiliser un langage populaire pour rendre imagées et expressives les inégalités sociales et les atrocités qui en découlent. La lecture de ces articles présente un côté jouissif indéniable où se mélangent humour, ironie et irrespect. Une verve singulière et franche, une incroyable liberté d’écrire tout et n’importe quoi, sans aucune crainte de la répression qui sévit. Au fil des numéros, le journal se fait l’écho de nombreuses luttes, devenant de fait un détonateur social. 406 numéros verront ainsi le jour, entre 1889 et 1902. Une incitation à la révolte, au « chambardement général », comme Emile Pouget le dit lui-même. Une formule sincère, virulente et lapidaire qui trouve les mots justes pour dénoncer avec ardeur les injustices de l’Histoire.

JUSQU’A MINUIT : BAR ET MUSIQUE DE BONNE AMBIANCE